Cette étude randomisée multicentrique française a évalué l’impact d’un traitement prophylactique par rifaximine sur la survenue d’une encéphalopathiehépatique (EH) après la pose d’un shunt porto-cave intra-hépatique par voie transjugulaire (TIPS) programmé pour ascite réfractaire ou antécédents d’hémorragie digestive.
La randomisation des patients était stratifiée selon la présence d’un antécédent d’EH et le score de Child-Pugh. Parmi les 197 patients inclus dans l’étude, 186 patients ont finalement bénéficié de la pose d’un TIPS et 93 d’entre eux ont été traités par rifaximine (600 mg deux fois par jour) et 93 par un placebo. La pose d’un TIPS était motivée par la présence d’une ascite réfractaire dans environ 80 % des cas, le taux d’antécédent d’EH était de 12 % dans les 2 groupes et le score de Child-Pugh moyen B8. La cause de la cirrhose était une consommation chronique en alcool dans 85 % des cas. Le traitement était débuté 14 jours avant le TIPS programmé et maintenu pendant une durée de 168 jours après l’intervention. Le critère de jugement principal était la survenue d’une EH dans les 168 jours après le TIPS. Durant le suivi, 34 % des patients du groupe rifaximine versus 53 % du groupe placebo ont présenté une EH (p=0.008). Les taux d’effets secondaires étaient similaires entre les deux groupes, tout comme la survie sans transplantation à 168 jours (87 % dans le groupe rifaximine vs 81 % dans le groupe placebo, p=0.27).

La pose d’un TIPS chez les patients atteints de cirrhose est une procédure de plus en plus utilisée pour traiter les complications liées à l’hypertension portale (HTP) comme l’ascite réfractaire ou les saignements digestifs liés à l’HTP permettant une augmentation de la survie globale et sans transplantation. Cependant, une des craintes majeures des cliniciens est la survenue d’EH au décours de la procédure (35 à 50 % à 6 mois selon les études). Des traitements efficaces existent pour le traitement de l’EH clinique comme le lactulose ou la rifaximine. Cependant, ces traitements ne sont pas recommandés en prophylaxie primaire après la pose d’un TIPS alors que l’EH est associée à une altération de la qualité de vie et une augmentation de la mortalité chez ces patients.
Cette étude est la première à montrer un bénéfice d’un traitement prophylactique par rifaximine sur la survenue d’EH en cas de TIPS programmé associé à une bonne tolérance des patients.