On sait qu’il y a un sur-risque de cancer anal en cas d’atteinte ano-périnéale de la maladie de Crohn. On sait également qu’il y a un sur-risque de cancer colorectal en cas de maladie de Crohn, peut-être encore davantage en cas d’atteinte ano-périnéale. L'objectif de cet article était d'évaluer l'incidence et les facteurs de risque de cancer colorectal et anal chez des patients atteints de maladie de Crohn.
Les auteurs ont fait une revue systématique de la littérature, puis une méta-analyse à l'aide d'un modèle à effet aléatoire. Les cinq études sélectionnées comportaient 29 548 patients dont 27 % avaient une atteinte ano-périnéale. Le suivi médian était de 6 ans (2,9 – 8,3). Au total, 127 cas de cancer colorectal (0,43 % des patients) et 24 cas de cancer anal (0,10 % des patients) ont été recensés. L'atteinte ano-périnéale était présente chez 50 % des patients atteints de cancer colorectal et chez 46 % de ceux ayant un cancer anal. La méta-analyse a démontré l'incidence significativement plus élevée du cancer colorectal chez les patients ayant une atteinte ano-périnéale de leur maladie de Crohn (OD 1,66 [1,18-2,34]).

Cette étude de patients atteints de maladie de Crohn a montré que la moitié de ceux ayant un cancer colorectal et/ou anal avaient une atteinte ano-périnéale de leur maladie inflammatoire. Elle a également montré que les patients ayant une atteinte ano-périnéale avaient un sur-risque de cancer colorectal. Ces données sont intéressantes car elles confirment notamment celles de la cohorte CESAME (Beaugerie L, et al. Clin Gastroenterol Hepatol 2018).
Certes, ce travail a des limites : études hétérogènes, de surcroît rétrospectives, manque d’informations sur la nature exacte des lésions ano-périnéales, durées de suivi courtes, probables facteurs confondants non identifiés… Certes, le pourquoi de ce sur-risque de cancer colorectal reste à être explicité. Cependant, c’est un sujet passionnant parce qu’il est mal connu et que l’enjeu est important. Il y a donc la place pour des études prospectives, davantage documentées, avec un suivi plus prolongé.
En attendant, ces patients avec atteinte ano-périnéale de leur maladie de Crohn méritent assurément une surveillance encore plus serrée.