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Le sur-risque de cancer de l’anus dans les MICI : bis repetita…

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Date: 
Mardi, 19 Septembre, 2023
Titre de l'article: 
Le sur-risque de cancer de l’anus dans les MICI : bis repetita…
Titre original: 
Anal High-risk Human Papillomavirus Infection, Squamous Intraepithelial Lesions, and Anal Cancer in Patients with Inflammatory Bowel Disease: A Systematic Review and Meta-analysis
Source: 
Article
Références biblio: 
J Crohns Colitis . 2023 Aug 21;17(8):1228-1234. doi: 10.1093/ecco-jcc/jjad045.
Commentaires: 

Cet article est intéressant. 

 

En effet, il a confirmé que l'incidence du cancer de l’anus était multipliée par 4 à 5 chez les patients atteints de MICI par rapport à la population générale. C’était bien de le rappeler.


Il a également montré que cette augmentation d’incidence était plus marquée dans la RCH que dans la maladie de Crohn. Cette information pouvait surprendre à prime abord parce que ça n’est pas cliniquement intuitif, que l’explication n’est pas claire (rôle de la rectite ?) et qu’une revue de la littérature datant de 2013 nous avait dit l’inverse (Slesser AA, et al. Surg Oncol 2013). Ceci étant dit, une excellente méta-analyse, plus récente (et à lire absolument), nous a confirmé ce sur-risque de la RCH (Clifford GM, et al. Int J Cancer 2021).


Enfin, cet article a souligné le net sur-risque de cancer de l’anus chez les patients atteints de maladie de Crohn avec atteinte péri-anale (sans doute surtout des fistules, le traitement immuno-supresseur jouant possiblement un rôle aggravant). Là encore, c’est une information importante parce que la présentation clinique des cancers de l’anus chez ces patients n’est pas alarmante (rien de plus banal que des douleurs, des saignements et/ou des suintements dans ce contexte), que le diagnostic est donc souvent tardif et que le pronostic en est probablement impacté.


Bref, il faut systématiquement penser au sur-risque de cancer de l’anus dans les MICI, davantage encore chez les patients atteints de maladie de Crohn avec atteinte péri-anale. Il faut aussi proposer la vaccination contre les papillomavirus humains oncogènes dans ce contexte. Enfin, il faudra peut-être songer au dépistage des lésions précancéreuses de ces patients et à la façon optimale de le faire : simple examen proctologique ? cytologie ? recherche d’HPV 16 ? anuscopie haute résolution ?... Un beau programme ! …

Résumé: 

Le cancer de l’anus est un cancer rare mais son incidence, actuellement aux alentours de 2 pour 100 000 personnes-années dans la population générale, est en augmentation depuis une vingtaine d’années. Il s’agit pour l’essentiel de carcinomes épidermoïdes dus aux papillomavirus humains oncogènes. Cela a amené à la publication récente de recommandations de dépistage des lésions précancéreuses de l’anus, coordonnées par Lucas Spindler, sous l’égide de la SNFCP. Ainsi, ce dépistage est conseillé chez ceux qui ont le risque le plus élevé, à savoir les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et vivant avec le VIH, les femmes ayant des antécédents de lésions de haut grade du col utérin (HSIL) ou de cancer de la vulve, et les femmes transplantées d’organe solide depuis plus de 10 ans. Par ailleurs, on voit que nos patients atteints de MICI, notamment de maladie de Crohn, ont aussi un sur-risque de ce cancer. Cependant, la littérature en la matière est modeste en quantité, parfois même contradictoire. C’est la raison pour laquelle Andreia Albuquerque et al. ont fait une nouvelle étude systématique et méta-analyse de la littérature concernant ces patients.


Ils ont ainsi individualisé 9 études, totalisant 78 711 patients atteints de RCH avec un suivi total de 518 969 années-personnes et 56 845 patients atteints de maladie de Crohn avec un suivi total de 671 899 années-personnes. Ils ont également analysé 3 études portant sur un sous-groupe de 7 105 patients ayant une atteinte péri-anale de leur maladie de Crohn.


L'incidence du cancer de l'anus (rectum exclu donc) était de 10,2 [IC à 95 % 4,3 - 23,7] pour 100 000 personnes-années dans la RCH. Elle était de 7,7 [3,5 - 17,1] pour 100 000 personnes-années dans la maladie de Crohn mais plus élevée, de 19,6 [12,2 - 31,6] pour 100 000 personnes-années, en cas d’atteinte péri-anale.
Si on ne considère que les études portant sur le carcinome épidermoïde, l’incidence était alors de 12,7 [3,9 - 41,6] pour 100 000 personnes-années dans la RCH et de 3,2 [1,3 - 7,8] pour 100 000 années-personnes dans la maladie de Crohn.


Pour finir, peu d’études (dont d’ailleurs une française bisontine passionnante) se sont intéressées à la prévalence des anomalies cytologiques et/ou virologiques mais les données étaient très hétérogènes et difficiles à synthétiser.
 

Domaine: 
Degré d'innovation: 
Moyen
Avancement: 
Validé
Impact patient: 
5
Arrivée dans la pratique: 
Immédiat
Impact soin: 
Important
Entousiasme rédacteur: 
4
Intérêt: 
4
Thématique: 
Visuel: 
Publier sur le site: 
Oui

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