Les traitements antidépresseurs sont recommandés en 2ème ligne dans le syndrome de l’intestin irritable (SII). Malgré ces recommandations, il est encore trop peu proposé aux patients.
Cette étude est la première à évaluer l’efficacité de l’amitryptiline en médecine générale dans cette indication. Il s’agit d’une étude randomisée (1 :1), en double aveugle, multicentrique, en Angleterre. Dans le groupe traitement l’amitryptiline était prescrite à la dose de 10 mg avec une titration jusqu’à 30 mg sur une période de 3 semaines, le traitement était poursuivi pour une durée de 6 mois. L’efficacité (sévérité du SII à 6 mois) et la tolérance du traitement ont été évaluées. Sur une période de 3 ans, 463 patients ont été inclus (moyenne d’âge 48,5 ans avec 68 % de femmes). L’analyse en intention de traiter a montré une amélioration plus importante dans le groupe amitriptyline que dans le groupe placebo (-27 de différence, p=0.0079). Autant de patients du groupe amitriptyline que du groupe placebo ont dû arrêter le traitement en raison d’effets secondaires (20 vs 26 % respectivement).
Cette étude démontre l’efficacité et la tolérance des antidépresseurs tricycliques dans le SII.
Il existe relativement peu d’essais cliniques sur les médicaments qui sont utilisés de manière quotidienne dans le SII. La raison principale est l’ancienneté des molécules et donc l’absence de soutien pharmaceutique pour la réalisation de telles études.
Cette étude souligne l’intérêt de l’amitryptiline à faible dose dans les douleurs de SII. Cette étude est importante car elle démontre la faisabilité de ce traitement y compris en soin primaire.
J’espère que cette étude encouragera mes collègues hépato-gastroentérologues et les médecins généralistes à prescrire ce médicament, car il est encore trop peu prescrit.
Le schéma proposé est assez simple, débuter à 10 mg et augmenter par pallier de 10 mg jusqu’à une dose maximale de 30 mg/j. Les effets secondaires sont similaires entre le groupe traitement et le groupe placebo, ce qui démontre sa tolérance à faible dose.
Une amélioration de la prise en charge des patients SII passent par une bonne connaissance et une maîtrise des thérapeutiques disponibles.