Il était le dernier survivant des fameux 4 B (Benhamou, Bernier, Bonfils, Bader) qui ont été respectivement l’initiateur de l’hépatologie et les fondateurs de la gastroentérologie moderne à Paris.
La trajectoire de Jean-Pierre Bader a été particulière. Il s’est intéressé très tôt à la politique de la santé. Il a participé notamment à la création de l’INSERM dont il a été le premier directeur scientifique. Il a été un pionnier de l’agence du médicament. Il a été conseiller de madame Veil quand elle était ministre de la santé.
Cet homme de pouvoir était d’une grande bienveillance et était toujours prêt à aider ses collègues sans esprit de chapelle. A l’ouverture de l’hôpital Henri Mondor en 1970, il a parfaitement exploité l’opportunité d’adosser une unité de recherche INSERM à un service clinique d’hépato-gastroentérologie suivant en cela la philosophie qui avait conduit à la création de l’INSERM. Il a organisé le service de manière originale pour l’époque avec 2 unités l’une de gastroentérologie (qui était sa discipline d’origine), l’autre d’hépatologie.
Accaparé par ses activités d’intérêt général, il a su déléguer la gestion du service à ses collaborateurs tout en restant à leur écoute. Esprit ouvert et curieux, il était toujours à l’affut des nouveautés thérapeutiques. C’est ainsi qu’il fut le premier à croire en l’intérêt des inhibiteurs de la pompe à protons dès 1981 donnant par exemple à l’auteurs de ces lignes l’occasion de réaliser le premier traitement par oméprazole par voie veineuse d’un patient atteint de syndrome de Zollinger Ellison dont l’avenir était compromis par des perforations intestinales multiples. Certains lui ont reproché une trop grande proximité avec l’industrie pharmaceutique. Je peux témoigner qu’elle était réelle mais sans compromission et sans exclusive. Bien qu’issu de l’école Lambling prônant une gastroentérologie de physiologistes, il a su comprendre l’importance de l’endoscopie digestive et sa place fondamentale dans le dépistage des cancers colorectaux et il a favorisé le développement du plateau technique du service. On peut dire que, grâce à cette configuration nous avons pu prendre en charge les malades de la discipline dans les meilleures conditions à Henri Mondor.
Ceux qui ont connu Jean-Pierre Bader garderont en mémoire l’image d’un homme entreprenant, généreux, moderne et à bien des égards visionnaire.
Jean-Charles Delchier