
Préface
Cette année le livre de la promotion 2018 des hépato-gastroentérologues hospitalo-universitaires va paraitre sous forme de e-book. Cela permettra une meilleure diffusion et ce format numérique est parfaitement adapté à notre époque.
La promotion 2018 est une petite promotion en nombre (voir photo plus bas)qui contraste avec celle de l’an passé. après trois ans d’activité, le CNU va être renouvelé par moitié à la fin de l’année. il apparait donc utile de faire un bilan. au cours des trois dernières années, 29 nouveaux hépato-gastroentérologues hospitalo-universitaires ont été nommés (17 PU-PH et 12 mCU-PH) ce qui correspond en moyenne à 10 nominations par an et témoigne de la vitalité de notre spécialité. il y a deux ans, nous avions évoqué la nécessité de maintenir un niveau d’excellence pour la nomination des nouveaux collègues. Les recommandations que nous diffusons régulièrement et que nous avons publiées sur le site du CNU sont exigeantes, avec entre autres plus de 400 points Sigaps1 et plus de six articles publiés en premier ou dernier dans des revues d’impact factor > 3 pour les PU et plus de 200 points Sigaps et plus de trois articles publiés en pre- mier ou dernier dans des revues d’impact factor> 3 pour les mCU. Nos statistiques sur les trois années passées montrent un score Sigaps moyen de 1141+/- 940 avec une médiane à 847 pour les PU et 574+/-330 avec une médiane à 527 pour les mCU. Nos consignes concernant l’excel- lence, qui doit être maintenue, sont donc bien respectées et cela permet de ne pas se retrouver en porte-à-faux avec les demandes ministérielles. L’autre impact de notre demande se retrouve dans l’H-index qui tient compte du nombre d’articles publiés mais aussi du nombre de citations reçues par l’auteur donnant ainsi une image de son rayonnement scienti- fique. Cet index pourrait devenir un critère d’évaluation des dossiers dans le futur, et là encore notre spécialité n’a pas à rougir puisquen moyenne, l’H-index de nos jeunes collègues est en moyenne de 21+/-13 pour les PU et de 10+/-4 pour les mCU.
Le dynamisme d’une spécialité se juge aussi par son attractivité et par son futur. au cours des trois dernières années, notre CNU a auditionné 39 candidat(e)s dans le cadre du pré-CNU dont plusieurs ont été nommés l’année suivante. Notre vivier de futurs universitaires n’est donc pas si vide puisqu’en 2018 nous avons fait 14 auditions… il convient bien entendu de poursuivre cet effort et nous comptons beaucoup sur nos plus jeunes collègues pour entrainer avec eux les nouvelles générations vers une vocation hépato-gastroentérologique de type universitaire.
A ce propos, il faut souligner que la réforme du troisième cycle des études de médecine n’a pas été favorable à notre spécialité puisque nous sommes toujours en négociation pour obtenir une cinquième année de formation pour nos futurs DeS. Nous sommes maintenant à une phase clé du pro- cessus car les arguments factuels et indiscutables que nous avons recueillis doivent permettre aux DeS d’être formés en cinq ans afin d’obtenir des compétences à la hauteur des attentes des patients et des autorités de santé.
Enfin, pour continuer sur la formation, la réforme du second cycle qui est en cours de formalisation sera extrêmement importante pour le futur et la visibilité de notre spécialité. Là aussi, l’implication de tous, mais encore plus des collègues les plus jeunes, sera un élément déterminant de l’attractivité de l’hépato-gastroentérologie. C’est pourquoi notre collégiale a pris l’initiative d’être au plus près des démarches et des discussions afin d’agir pour que nos étudiants n’aient pas à subir cette réforme mais qu’ils y trouvent le plaisir (et pourquoi pas le bonheur !) de l’exercice médical en général et celui de notre spécialité en particulier.
Notre volonté dans cette dernière préface de notre mandat était de mêler passé et futur en souhaitant courage, force, et détermination avec bien- veillance à nos successeurs.
Cette année, on ne saurait conclure sans adresser une pensée à Philippe Ducrotté. il a exercé de nombreuses fonctions : médecin hors pair, enseignant respecté, gestionnaire avisé et il a aussi été un grand président de notre CNU. il a su entrainer avec lui toute notre spécialité avec son enthousiasme et ses exigences, avec sa bienveillance à l’égard de tous et en particulier des plus jeunes, avec sa vision toujours positive du futur. il nous a quittés trop tôt, il avait encore beaucoup à donner à toute notre spécialité et à chacun d’entre nous à travers un mot, un sourire, une idée… Cher Philippe, puisses-tu encore inspirer nos actions, nos idées, et certainement quelque part l’avenir de notre spécialité…
Pr Michel Dapoigny
Président de la sous-section du CNU 52-01
Pr. Christine Silvain
Présidente de la CDU-HGe
Les guidelines actuelles recommandent la réalisation de coloscopies de surveillance pour détecter la dysplasie chez les patients atteints d'une MICI en réalisant une chromo-endoscopie (CE) avec des biopsies ciblées.
La réalisation de biopsies aléatoires supplémentaires est discutée. Existe-t-il un intérêt ? Cette question reste controversée.
Cette étude multicentrique menée par le GETAID a tenté d’y répondre. Des patients consécutifs atteints de MICI et devant subir une coloscopie de surveillance de leur muqueuse colique par CE ont été inclus de manière prospective. La procédure standardisée utilisait une CE, des biopsies ciblées ou une résection endoscopique des lésions suspectes, puis des biopsies aléatoires de chaque quadrant tous les 10 cm. Un panel de cinq pathologistes experts a examiné les lames histologiques présentant une dysplasie. Un modèle de régression logistique a été utilisé pour mettre en évidence les facteurs associés à la survenue d’une néoplasie (dysplasie, quel que soit son type, et cancer) sur les biopsies aléatoires ou non. 1000 coloscopies ont été réalisés chez 1000 patients (495 RCH, 505 colites de Crohn).
Chez 82 des 1000 patients inclus, une ‘néoplasie’ a été mise en évidence par biopsies ciblées. De même, chez 12 patients supplémentaires, uniquement sur des biopsies aléatoires, une néoplasie a été observée soit une augmentation de près de 15 % de détection de patients avec dysplasie. Au total, 140 sites néoplasiques ont été trouvés chez 94 patients, dont 112 (80 %) provenant de biopsies ciblées ou de lésions réséquées et 28 (20 %) par biopsies aléatoires. Le rendement de la néoplasie par biopsies aléatoires seulement était de 0,2 % par biopsie (68/31 865), 1,2 % par coloscopie (12/1000) mais 12,8 % par patient atteint de néoplasie (12/94). Les facteurs associés à la survenue d’une dysplasie étaient un antécédent personnel de néoplasie, une cholangite sclérosante primitive concomitante et un côlon d’aspect tubulé.
Cette étude prospective montre qu'une personne ayant des antécédents de néoplasie, de CSP concomitante ou de côlon tubulaire peut justifier de la réalisation de biopsies aléatoires au cours d'une coloscopie de surveillance avec chromo-endoscopie. La probabilité de trouver de la dysplasie par biopsies aléatoires était presque nulle chez les patients ne présentant pas ces trois facteurs de risque, ce qui représente la majorité des patients.
Cette étude confirme bien la faible rentabilité des biopsies aléatoires mais à partir des résultats de cette étude, on pourrait proposer de stratifier les patients atteints d'une MICI afin de savoir si des biopsies supplémentaires aléatoires se justifient lors d'une coloscopie de surveillance par chromo-endoscopie.